lundi 23 mai 2016

Jour de Tribunal en cinq points.



1. Jour de tribunal. Jour d'inconscience. Jour de souffrance. L'eau qui tombe sur la ville depuis hier ne lave rien. Ni souvenirs, ni colères, ni angoisses face à l'après-midi qui s'annonce. Elle semble offrir un écrin à la folie ordinaire qui encombre les tribunaux et imprime ses cicatrices à l'enfant. Elle noie les pensées où, à refaire l'histoire, sa propre histoire, on se transforme en zombie éreinté par le combat décennal et ruiné de cette énergie passée à se défendre face à la détermination destructrice d'un être dont la vie, somme de frustrations et d'échecs, se passe à détruire la vôtre et celle de l'enfant issu de cette relation. Lui, l'enfant, le jeune adolescent qui plie sous le poids de ce qu'il sait et surtout ne sait pas, occupe sa journée d'école et tente de se frayer un chemin hors du brouillard persistant.

2. Journal interrompu d'un jour sans fond.

8h05. Levé. L'effet du somnifère est encore présent. Café à faire. Nouveau paquet de café à chercher à l'épicerie turque au coin de la rue. Pluie.
8h30. Vision morcelée sur mon téléphone de la dernière vidéo de François Bon à Montréal. Trop petit l'écran. Pas assez réveillé et les pensées en poubelles non triées. Ouvre une page sur ce blog. Ne vais pas loin, juste le point 1. Pluie.
9h15. Déjeuner à deux. Etre à deux pour affronter cette journée de cauchemar renouvelé. Œufs à la coque. Pluie.
10h30. Passé chez moi pour scanner dernier extrait de rôle et envoyer copie à l'avocat. Il manque toujours un document. Un dossier n'est jamais complet. Pluie.
10h40. Donné à manger au chat qui n'a pas d'appétit depuis quatre jours. Mon angoisse serait communicative? Constaté sortie en fanfare des limaces dans le petit potager. Pluie.
10h50. Vision complète et sur écran d'ordinateur de la vidéo de François Bon. Plongée avec lui dans les faubourgs de Montréal "la porte maritime vers le dedans de l'Amérique" comme il l'écrit. Rendez-vous rassurant avec ces vidéos devenues points de contact indispensables et attendus par moi. Pluie.
11h. Le temps d'attente jusqu'à 14h conjuré par petit moment d'écriture de ce mini journal. Pluie.
12h30. Mangé deux tranches de pain et bu jus de légumes malgré l'estomac qui se noue. Pluie.
13h. Pris tram 93 qui nous dépose devant le Palais de Justice. A l'entrée du vieux mastodonte, une fouille comme à l'aéroport avec obligation de laisser ses affaires, vider ses poches et les retrouver plus loin après qu'un gardien ait passé détecteur sur toute la surface du corps. Retrouvé cinq secondes en position christique bien malgré moi.  Désormais les comparutions se font à huit clos. A toute à l'heure. Bisous. Pluie.



3. Sorti au bout d'une heure dix d'audience. Lessivé, ahuri d'entendre ce qu'il faut entendre, obligé de rester assis alors que seule une envie  de hurler, prise de parole brève, que dire après un tel nettoyage et retour chez soi dans la grisaille enveloppante des transports en commun. Confiance dans la juge.

4. On va faire des courses? On fait quoi? Un magret? Oui. Une bouteille? Oui une bonne.  On y va? Oui.

5. Quelle trace sur moi de toute cette boue?

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