dimanche 30 septembre 2018

Poèmes fondus / 16



d'après



belles / amoureuses de pluies
blotties / au fond des poches bleues
leurs lumières / t e n d u e s / contre les gouttes
d’y être désirs / silencieuses
selon des contes obscurs / appelées
de danses ou d’oiseaux / palpitantes


longtemps
elles / seules
nos / petites / mères
voyaient


Ce matin /4


ce matin

encore des sédiments hors de la biosphère
c'est quoi ce bordel tout est redevenu possible 
les droits de la fiction dans la biosphère 
ne pas se fixer sur le possible juste le sensible 

sinon ça va Carpentier
sauf Pierre Soulages qui s'étale sur Coin Coin

Ce matin / 3




ce matin 


rendormi à coup de chance

la philosophie où commencer 
remplacer la confiance par la méfiance 
le chat se croit encore en été 

sinon ça va 
sauf le temps si peu empathique avec moi


vendredi 28 septembre 2018

Ce matin / 2




ce matin

le mot fantôme est résignation
roule ta cabosse partout
cheveux à la question
soleil merci pour tout

sinon ça va
sauf le décompte en banque route


jeudi 27 septembre 2018

Ce matin / 1





ce matin 

corps non apparu
attente vaine des zygomatiques 
futur détendu 
maelstrom bordélique 

sinon ca va
sauf le frelon tardif sur l'écran d'ordinateur 

mercredi 26 septembre 2018

Poèmes fondus / 15








fin
peut-être
est une idée frontière

matériau collé sur l'étrange
lieu envahi d'effet
geste limité à l'inattendu

fin
peut-être
est une question éclaircie

extension chantée par nature
pensée interdite d'écoute
usage lumineux du juste

fin ?
fin au moins du tout  ?

toi idiot
quelle explication

lundi 24 septembre 2018

Poèmes fondus / 14


d'après "L'homme qui plantait des arbres" de Jean Giono, éditions Gallimard



j’étais travail
pâture à travail compté
paquet fendillé à travail


j’étais suicide
sac à suicide meurtrier
peur couchée à suicide


j’étais
sans repos
nerfs et folie
bête de combe
montée du troupeau
trempée d’obligatoire


fruit parfait de société
j’étais
sans paix
sans vertu
sans vice
du côté
fer
et
bâton




dimanche 23 septembre 2018

Poèmes fondus / 13


d'après "La vie devant soi" de Emile Ajar



recherche
un truc
on
vite qui
me ferait
seulement du
bien tellement
vite
envie on
d’un coup
vite
sauter une
fleur qui bat
vite on
fouetter un
con j’en rêve
foutre là ou ailleurs
vite
crever gentiment
encore l’avenir
une fois on
sentir seulement
le cœur bon
une fois
pas plus qu’ un moment on
avec quelqu’un
fort
madame
vous





mercredi 19 septembre 2018

QQE 176 : trop





est-ce
moi
qui
ne digère pas
le
monde

ou

le
monde
qui
me digère trop bien

?






Poèmes fondus / 12


d'après "Nous avons toujours vécu au château" de Shirley Jackson, éditions Rivages Noir



grouillent de surprises
le pré
la pinède
l’herbe


quand
constamment
j’assèche
divisé
lâche de trésors jamais
tissés
souterrain de joyaux jamais
grandis


à mesure
vastes
les journées
enterrent
leurs plaisirs


et moi complètement moi
lucide d’être
mort
d’être souvenir


cédé



mardi 18 septembre 2018

Poèmes fondus / 11


d'après "Pour les vivants et les morts" de Thomas Tranströmer, éditions Le castor astral





nous amassons

en essaims

des écritures

écaillées

illisibles

silencieuses

persistantes



ce qui bruisse en nous

nous bouscule

ce qui dépasse en nous

nous déplace



heureux qui ignorez

avez-vous payé

à l’aube humaine

notre souffle uni



où allons-nous



devinez



lundi 17 septembre 2018

Poèmes fondus / 10



d'après "Une longue impatience" de Gaëlle Josse, éditions Notabilia




pas mon enfance / diable / pas le fil
pas mon enfance enfouie de trous
me résiste la bête à feux

pas mon enfance / diable / pas la force
pas mon enfance sèche de chemins
me presse la bête à coups


pas mon enfance / diable / pas la vie
pas mon enfance terminée de couleurs
me cède la bête à bosses

pas mon enfance / diable / pas l’histoire
pas mon enfance habillée d’infini
me danse la bête à douceurs

diable
tiens la lueur droite
diable
pas mon enfance
pas
là où je ne sais rien


samedi 15 septembre 2018

Poèmes fondus / 9


d'après "Je suis debout" de Lucien Suel, éditions La table ronde




ou

costume après costume

allongé dans du confondu

plastique

je paupière

chorégraphies de sensations

ou ici

balancé dans du débout

géographique

je frontière

bataille de vibrations

ou ici ou ici ou ici ou sur



l’herbe du je

tranquillement écrasée



ou

lambeau après lambeau

dérivé dans du visible

indélébile

je cloche

ventriloque de conversations

ou là

déroulé dans de l’urbain

je braise

pleureur de situations

ou là ou là ou là ou après



l’herbe du je

sauvagement écrasée




jeudi 13 septembre 2018

Poèmes fondus / 8


d'après "Bleu de travail" de Thomas Vinau, Editions La fosse aux ours



et nous les bêtes

l’autre morsure



encore

fumier des larves

poussière des flammes

oxygène des fossiles

énergie des larmes



nous sommes

bête des nuits respirées de rumeurs

bête des musiques sourdes de sédiments

bête des baisers bouillonnants d’herbes



le vent ou l’autre

trop tard

l’air hurlé



nous la vieille bête du monde





mercredi 12 septembre 2018

Poèmes fondus / 7


d'après "La haute folie des mers" de Vincent Calvet, Editions Cheyne




en toi

s’agitent

buées fêlées

aggravant les pierres blêmes des maisons


dérivent

plaies incendiées

arpentant la peau lourde des départs

chancellent

émigrés brûlés

saignant les yeux lents des adieux

en toi

l’espace parfait se décide

toi

mirage onde à mes yeux

je geste ton regard


Poèmes fondus / 6


d'après "Le dehors ou la migration des truites" de Arno Bertina, Editions Actes Sud




parler le découvre
tendu
la bouche coupable
le temps incongru du combat

parler le confine
crispé
la peau fébrile
le côté humble du sauvage

elle réalise
les iles
elle écoute
les mélancolies




mardi 11 septembre 2018

Poèmes fondus / 5


d'après 'Tout un monde" de Azad Ziya Eren, Edition Bleu Autour



aussi
tes solitudes
me prêtent
quatre dieux
étoilés de sang
quatre
aussi
vingt bourreaux
pétris de sang
vingt
aussi
dix vies
aveuglées de sang
dix

aussi
qu’à l’aube

pleure au creux de mon cœur

l’amour de ta bouche vertige




lundi 10 septembre 2018

Poèmes fondus / 4


d'après "Il y a un fleuve" de Jeanne Benameur, Editions Bruno Doucey




l’avant retourne l’homme

quand d’eau

la poitrine sèche



l’auprès détourne l’homme

quand du sol

la naissance monte



à partir

des jambes du fleuve

crée la boue


et l’homme


des veines du fleuve

pose l’horizon



tenu l’homme marche



vendredi 7 septembre 2018

Poèmes fondus / 3


d'après "L'homme rapaillé" de Gaston Miron, Poésie Gallimard





au gré des

ne pouvant

un peu

même

ouvrir

ni ainsi

car plus

ni ici

parmi les



c’est

quelque tendresse

que me réfugier

dans leurs mains

vides




jeudi 6 septembre 2018

Poèmes fondus / 2

d'après "Si je suis de ce monde" de Albane Gellé, Cheyne Editeur




plusieurs bâbords
débordent
à plier
plusieurs tribords
s’ébrouent
à courir

nos courants catastrophés
rivières et fleuves disparus
malgré clous d’air
malgré sacs de vagues
malgré hommes sans peur

mère naturelle de tous les ventres
debout la nuit debout

debout


mercredi 5 septembre 2018

Poèmes fondus / 1


d'après "Le plancher" de Ingrid Thobois, Ed. Buchet.Chastel




la vie à croire le froid

balaie

un jour-là

le sali le frotté



la vie à glousser la nuit

cavale

au matin incolore

la durée la mémoire



la vie à réveiller la vie

bascule

tout à nous

le lit le cercueil



une

lumière enterre mer terre

à

chaque vie

chaque dit