reprendre ce journal
car c'est le tien pas voulu pas imaginé pas vu venir
jamais dit dans les quarante premières années de ta vie que tu connaîtrais ça
ni ton enfant ni ton portefeuilles ni ton coeur naïf ni ta chair abîmée
ni tes oreilles ni tes yeux bientôt aveugles ni tes sens tous réunis en un seul béant comme la gueule animale qui veut te détruire ni tes nuits de calculs ni tes levés hagards ni tes errances forestières ni tes stupeurs passagères ni tes tremblements subits
ni ni ni ni
tu n'en finirais pas d'énumérer car écrire ça cela là-dessus te prendra le reste de ta vie et même si forces te restent au-delà bien au-delà
jamais tu ne pourras encaisser la machine à laminer donc tu écris et tiendras journal de cette résistance et tu le feras pour le gamin au centre du labyrinthe il s'en sortira va regarde comme il jubile quand il te dit que lui aussi il adore le montage regarde même avec tes yeux qui s'aveuglent lentement
et pour toi
ta dignité ta légitimité ta volonté
ta survie toi qui est aussi quelque part dans ce labyrinthe
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