jeudi 31 janvier 2019

Poèmes fondus / 59







à lui-même
qu’importe
si rien ne tient le point
lui manque jusqu’au souffle la peur
lui saute jusqu’au supplice la peur
penser pénombre pense-t-il et rester terminer
flanqué juste d’un chemin au bout de lui-même
lui naufrage jusqu’au tumulte la peur
lui ravage jusqu’au glacé la peur
qu’est-ce que lui
qu’est-ce que lui-même
si idiot à sa nuit
si rocher à ses flots
lui-même
si étourdi
si sonné
si père
si seul
si peu
pense-t-il à lui-même qu’importe qu’importe
il
est
sur le point de






mardi 29 janvier 2019

Poèmes fondus / 58







j’aimais trop
j’aimais le pauvre soir
son ombre bleue
sa forme souriante
son lit renversé
serein je tenais la vérité en mon nom
par quel trésor du hasard
j’apparus
enchanteur de celle qui dit
sauveur de celle qui crie
j’aimais ses formes belles
ses palais ses fleurs ses ors
serein je changeais de vérité pour un nom
par quel trésor de l’histoire
j’apparus
tombeau de celle
qui dit
carnage de celle
qui pleure
j’aimais son monde grand
son énigme son ennui
serein je tuais la vérité et son nom
par quel trésor
de rage
homme qui
aimait trop
balaya dans le soir
celle qui vit





mercredi 23 janvier 2019

Poèmes fondus / 57






la musique me souille
la blanche m’aveugle le chemin des yeux
la noire me fouette le tremblé des lèvres
la bleue me déchire la vie du ventre
la rouge me désempare la valse des os


notes airs mélodies
vives nausées
brûlures sucées
montez
criez
lancez
à gros jets


bêtes abominables
taches
boutons
gisez musiques


voilà le puit
crapaud du bas
large
il appelle







lundi 21 janvier 2019

Poèmes fondus / 56






je cours de cicatrice
en cicatrice
ne vivant plus que par lignes éraflées
l’haleine malmenée
gonflé au non
sans désir grand
à l’arrêt

à maintenir intact
l’à peine de ma peau rompue
à perdre tant le léger
l’arrêt du nous nous étions aimé
s’est proclamé

je m’oppose
envenimé de toi
l’étonnement
auparavant vivace
est fini

je surveille les jours de rien
les bras lisses
sans amour






dimanche 20 janvier 2019

Poèmes fondus / 55







l’histoire rôde
fuit les eaux calmes
se saoule de délires gâtés
excuses aux poings

l’histoire rôde tombe
craint la quiétude
se fout des jeux d’enfants
insolences aux lèvres

l’histoire rôde tombe étouffe de pauvres discours
se décolle à coups de fumées
toujours
parle
compte
crie
menace
poursuit
achève

être l’histoire
et
au même instant
mourir à sa place





Ce matin / 46







ce matin je me suis mis près de moi
aussi près de moi qu’impossible
appelant un premier baiser
la fatigue observait du coin de l’œil mi-clos
esseulée boursoufflée
distinguant le flou des heures allongées
pas de mots derniers mots confiés à la nuit débutante
fallait-il taire les mots
les effacer dans le même temps qu’ils s’écrivent
les envoyer si loin que devenus invisibles ils en deviennent inaudibles
si loin qu’oubliés au regard ils en disparaissent de la pensée-même
si loin qu’interdits à l’encre ils se dissolvent dans un noir renoncement

ce matin je me suis pris près de moi
serré fort
en flagrant délice d’étreinte
au risque insouciant et mesuré de frôler une peau absente

la forêt bruissait sans doute de nous attendre
elle seule entendait

ce matin je me suis vu prêt
quelque chose écrivait
prêt de moi












vendredi 18 janvier 2019

Poèmes fondus / 54






un retard est en route
il devrait arriver
d’une minute à nous
avant le rendez-vous
le temps d’un pas longtemps
avec tact
preuve qu’un soi de soi
qu’un rôle de soi
change

un retard en manteau
l’air coupé d’un
cela va non ?
déconcerté comme une pause rangée
la lenteur en bataille
la présence désolée
seul

pour rejoindre
accompagner
ce qui
en nous
en armes
au corps
chuchote
personne pour habiter la gravité ?
murmure
personne ici ?

un retard est en route
seul ?






Ce matin / 45




ce matin sera
tomber
constaté être tombé
comme le soir
la neige de sa chaise

cherche
vieux masque
cherche hors toi à tomber souriant
cherche à tomber alors que déjà tombé

la secousse
fantôme de fatigue
de fatigue du reste
du reste d’aimer

d’aimer
qui mourait

ce matin
cherche
sinon le premier baiser
une main une peau un sexe un cri
hors toi


ça
renaître
une ultime fois

le futur cherche
un sourire enfoui
un fantôme rêvé

va
hors toi
il se dérobera si tu ne l’aimes pas




mercredi 16 janvier 2019

Ce matin / 44





ce matin, il apparaît que ce magasin de jouets à étages, labyrinthe où l’on semblait trouver normal qu’il s’égarât, alors qu’on lui avait confié la garde d’un tout jeune enfant qui n’était pas le sien, il apparaît donc que ce magasin n’existe que dans le rêve, celui qui s’était glissé entre 6 heures et 7 heures, dans la tentative désespérée de reconquérir un sommeil rétif à toute empathie pour le propriétaire des lieux

ce magasin était du toc, du vent, un château de cartes n’attendant que d’être écroulé par le réveil, effacé aussi vite qu’apparu, il n’avait peut-être rien amené de plus à la nuit, n’avait été voulu par personne, n’était ni un piège, ni une illusion à bas prix, juste un mystère tout en bois

on ne savait pas ce qu’était ce magasin, s'il représentait quelque chose, sinon peut-être l'assurance que le sommeil s’était réinstallé une petite heure
dès lors
on avait à le remercier pour cela car, oui en y réfléchissant, ce magasin avait apporté quelque chose de plus à sa nuit

ça va se dit-il, la fatigue est encore là mais l’inattendue rencontre avait apaisée certains tourments, l’enfant qu’il avait tenu dans les bras ne serait jamais le sien, il avait passé l’âge de toute façon et l’âge a parfois du bon



mardi 15 janvier 2019

Ce matin / 43






ce matin s’est installé dans son propre matin, trop tôt bien sûr, trop rêche, trop soudain, comme avançant l’heure à venir avant la précédente, arrachant les secondes et les minutes à leur logique progression, s’emmêlant les aiguilles comme des pinceaux dans un récipient échoué, chargés qu’ils sont encore de peintures croûtées et de vapeurs de white spirit

ce matin n’a que ses tremblements venteux et ses mensonges colorés à partager. Il est un bocal égaré sur le bas-côté de la journée, remarqué par personne, regardé par le vide où nul écho de nul mot ne tente plus sa chance, certain que le désert a déjà gagné

ce matin croule sous les sinon, rame pour des ça va et cherche chez Kafka le reflet de son absurde respiration





lundi 14 janvier 2019

Poèmes fondus / 53






dans l’immobilité furieuse
je t’enveloppe encore
et nos douceurs luisent
le dehors a fixé le soir

dans l’immobilité muette
je t’extase encore
et nos os s’écoutent
les arbres ont traversé le crépuscule

dans l’immobilité absurde
je te déambule encore
et nos aiguilles tombent
les jardins ont fixé les oiseaux

l’air
le monde
les fleurs
quelques-uns
statues de pénombre
errent

moi-même
encore
dans l’intolérable







dimanche 13 janvier 2019

Ce matin / 42






notre impossible
ne se nourrit que
des rêves mal digérés (ce matin / 41)

ce matin
cherche ce qu'il y a d'impossible à
résoudre dans le sommeil qui
se fait la malle depuis
deux jours
ce doit être l'écoute
accordée si inattendue de la part d'une
inattendue rencontre en cet inattendu début d'année
parler au lieu d'écrire
on en perd
le réflexe s'il n'est pas stimulé proposé invité
si
dans les yeux brillants d'en face
la demande silencieuse ne s'étincelle pas
si
soi-même de tout on parlerait plutôt
que de soi
qui a pris le pli de
s'écrire et se camoufler à qui
mieux mots

ce matin la pluie s'effiloche sur cette fatigue incrédule
ce matin n'a aucun sinon

il n'a que ça va malgré





mercredi 9 janvier 2019

Poèmes fondus / 52






l’enfant


refusait
le mot
réalité
et
mesurait
le mot
extraordinaire


grondait
le mot
censure
et
reconstituait
le mot
imagination


repoussait
le mot
résultat
et
assimilait
le mot
jeu


déposait
le mot
aussitôt
et
retenait
le mot
temps


dépassait
le mot
phénomène
et
révélait
le mot
histoire


offensait
le mot
revanche
et
rencontrait
le mot
vivre


par improvisations gestes et inscriptions
il naissait
l’enfant
il apparaissait comme lieu délicat du simple et du fondamental








dimanche 6 janvier 2019

Poèmes fondus / 51







sans fin
ça va
ça va pas
fait
pas fait
va pas
ça pas
ça fait
pas va
fait pas ça va
assez


systématique le ça va pas
ça va pas là ça va pas reste là
ça va pas autour ça va pas avec
pendant la mise en va pas
médecin et puis c’est tension
sauf que
zone à vieux rétifs
un certain anti sensible
gagne


physique le pas fait
pas fait juste pas fait au préalable
pas fait au cœur pas fait vis-à-vis
pendant la mise en pas fait
médecin et puis c’est déclic
sauf que
zone à vieux disponibles
un certain anti conscient
joue


aussi
procédure agrandie
trouver vieux collectifs
hiérarchiser rôles concrets
réunir logiques et stratégiques
puis
choix
travaux
constructions


l’époque est au banquet politique
la mise en scène sape la démocratie







samedi 5 janvier 2019

Poèmes fondus / 50






cher danger
rassure-moi de moi
chuchote-moi l’inquiet du bruit de moi
déforme-moi à coup d’inespéré en moi
entoure-moi de rebords penchés sur moi
envoie-moi la pointe d’un bientôt pour moi
aucun dit ne m’a jamais caché
j’entends d’autres différences
je questionne d’autres envies
rassure-toi de moi
je t’embrasse depuis ma chambre seule






vendredi 4 janvier 2019

Poèmes fondus / 49





l’homme
l’usine
le travail
le fabricant l’affaire le groupe la valeur la propriété
l’état

l’homme
le droit
le garde le responsable le directeur
la confrontation la tension la menace
le coup le sang
la police

l’homme
l’odeur
la peau
le froid
le silence

plus tard
la question
l’histoire
un autre







mardi 1 janvier 2019

Poèmes fondus / 48





tête floue
sans visite (que)
cet amour fou
progéniture du diable
statue étouffée de routine assourdie à
la hâte
l’enfant circonstance érige (cet amour)
une douleur plus commode (que)
cet amour que
la nuit pleure
avec ordre (cet amour)
la mère nuit
cet amour (cette nuit)
condamné à fontaine sèche
désastre mystérieux (cet amour d’amour)
vérité anodine
cet amour (d’amour) d’amour

que cet amour flou d’amour fou
se taise cette nuit