lundi 18 février 2019

Poèmes fondus / 65







motéconomie motvocabulaire motexploitation

motpropriété motlimite motconstitution

motdomaine motrationalité motfonction

motespace motexploitant motfabrication

motpatûre motpublic motvalorisation

motusage motcommunauté motdonation

motconcept motaumône motlocalisation

mottroupeau motcollecte motdocumentation

ainsi
établi avéré
mot
absolu dernier terme vache

à couper




dimanche 17 février 2019

Ce matin / 48




ce matin

la pensée regarde le corps pendant que le corps observe la pensée

la confrontation est quotidienne et chacun.e s’amuse de ces bisbrouilles addictives

bras dessus, bras dessous, ces deux-là mènent le bal cacophonique des jours

quand l’un.e faiblit, l’autre surgit non pour apporter un peu d’aide mais pour raconter que tout le monde a son lot de petites misères et de grandes espérances et qu’on ne va pas en faire tout un plat sinon on ne sortira jamais de l’auberge qui d’ailleurs fermera bien un jour ou l’autre (pourvu que ce soit l’autre)

sinon qu’à vivre avec les deux, on se fourvoie quelques fois loin de l’essentiel (qui est de bien se préparer à ce jour ou l’autre)

ça irait aussi sans corps et sans pensée





Poèmes fondus / 64






aux heures de petites fêlures
la mort à vélo
pied tendu vers l’infini virevolte
animale elle rompt
intimités usages

de vitesse prend l’imagination
par gouttes folles délivre
par débordements recouvre
son chaos parle
elle triche

de l’époque suent les corps
seins tristes
mains collantes
tailles heurtées
à l’identique elle les agrippe

de nos noms elle danse dressée
omnipotente se cambre
sur la route claire prudence
de l’aujourd’hui fatal
s’échappe
toute possibilité d’enfant

on s’en doute elle chante faux
satisfaite
sûrement

chahuté j’y vais en peine





vendredi 8 février 2019

Poèmes fondus / 63








il faudrait
un mot capable d’air et
une phrase capable de mesure et
une page capable de reconnaissance et
il lui faudrait
un jardin capable de raison et
un regard capable d’hypothèse et
un miroir capable de plaisanterie et
il lui faudrait dis-je
un temps capable d’autrefois
une raison capable de promesse
un tragique capable de compagnie
il faudrait du moins qu’apparaisse un livre capable de sentir un homme capable de se briser sur une illusion capable d’entrainer sa dernière histoire vers un fond magnifique

il lui faudrait lui dis-je
se répondre






mercredi 6 février 2019

Poèmes fondus / 62









rêves mauvais des nuits aveugles
qui habitez d’une gaieté terrible l’air lascif
qui promenez les saines dépouilles d’un temps noble
sur l’automne du monde
qui chaussez les bottes du jeu quand les souliers s’enrhument
bouillis au grand air
permettez
rêves mauvais des nuits bossues
permettez aux femmes d’être révolution
esprit inséparable
signe chaud
indispensable bois
recherché
des hommes en campagne
boulets anciens composés
d’allusions fausses
de jamais vers soi
plus aveugles au vent mauvais
quand
etc







Ce matin / 47





ce matin, je me suis égaré, je cherchais à savoir ce que j’étais, ce que j’étais en ce moment, si j’étais complet, si j’étais vivant, si je pensais suffisamment, si ce que je devais faire dans les heures prochaines prouverait ce que je suis et en cherchant à faire quelque chose qui prouverait ce que je suis, je suis retombé sur la question de savoir ce que j’étais, et en retombant sur cette question vertigineuse et encombrante, j’ai réalisé que je n’étais pas, que je n’étais pas tout ce que je crois être quand je parle de moi, quand je m’interroge sur moi alors que personne, vraiment personne, ne me demande de m’interroger sur moi, et que cependant je m’interroge constamment sur moi, comme si moi était le centre de ma vie, alors que je ne crois m’intéresser qu’aux autres et donc ne pas m’intéresser à moi, ou peu, vraiment peu, je le jure, je vous le jure, je me le jure, moi je ne m’intéresse pas, je ne veux pas m’intéresser, je ne veux pas qu’on s’intéresse à moi, je ne veux pas qu’on s’interroge sur moi, sur ce que je fais, sur ce que je fais qui prouverait un peu de ce que je suis, puisque ce que je suis n’a aucun intérêt, aucune importance pour moi ni pour personne, et ça je voudrais le prouver, à moi, à vous, à tous, mais comment prouver que je n’ai aucun intérêt sinon en m’égarant hors de moi, en m’éloignant loin de moi, en délaissant ce moi prêt à inexister, en m’oubliant de moi oublié, en rejoignant l’abandon de moi, en me quittant, quitté peu à peu et que ce moi inexistant enfin se noie dans l’indifférence dont je nous
sais
tous
capables




dimanche 3 février 2019

Poèmes fondus / 61







à bout d’erreurs
on goûte au fond
enfin chien
on l’embrasse
vite dingue
selon l’exemple de la bête
on dort de cris
on caresse ses rages
on crève sa pulpe interdite
avec son seul temps pour croix
loin comme partout ça hurle
jusqu’au rien du noir
quand
NU
en paix mais nu
nu
on cogne
si atrocement nu
quand
bête nue sous un ciel nu
on parle à sa main
on lui raconte un ailleurs fou
une chambre des plaisirs dépravés et assourdissants
où l’on tracerait au couteau ses étoiles disparues
où l’on cicatriserait de vivre d’amour mort
où nu
on poserait le grenier de son cœur







vendredi 1 février 2019

Poèmes fondus / 60








d’imperceptibles elles déraillent sur ma langue
je souffre qu’il monte du sol des volutes de filles cercles
mélanges de créatures rondes et rebelles

de vaporeuses elles crissent sous ma langue
je souffre qu’il monte du sol des nuages de filles liqueurs
tourbillons de créatures sucrées et rebelles

filles fumées étirées en filles brumes
filles légères dessinées en filles éclats
filles filles emplies en filles mères

je veux
me défaire de filles en filles
m’étirer de bouches filles en bouches filles
m’empêtrer d’âmes filles en filles d’âmes

je veux oui
elles nos têtes perdues
elles nos yeux muets
elles nos silences blancs

maintenant
de là-haut
elles
parfaites
elles
sans défaut
elles viennent

ainsi
tout se détache
de moi
magique
aimanté