lundi 30 décembre 2019

Poèmes fondus / 88







viennent les chasseurs

d’abris rapides en bosquets
marchandise
du village gibier aussi
la petite s’agite
tombe
s’agite tombe

viennent les

l’automne qui cliquette
sur la petite 
se replie
de monotonie ferme et fraîche

viennent

en trombe en vent
sur
la petite en vue

à l’écart de 
la plaine
sur qui tombe la perte

c’est par l’au-delà
et seule
que la petite
passe de musique à nuit










dimanche 24 novembre 2019

Poèmes fondus / 87





il

c’est un esprit échappé
grotesque
sans force sans faiblesse sans secret reculé

sans le terrible et le sombre qu’il lui faudrait confier si
il
empêché de tout dire
vaincue toute volonté de
vie

parfois
peins lui la route où le beau le cherche
peins lui la maison qu’il arpenterait si
peins lui l’impossibilité
le vrai intensément
longuement

si
à être tel
il travaille

il n’existe








vendredi 4 octobre 2019

Poèmes fondus / 86








des envies effacées en flocons
du foin ratatiné aux angles
un linge moisi à la machette

la pupille paresseuse
elle se permet un croquis d’ hiver
brodé de vide

elle compose une lumière bleue accidentelle
indescriptible et enfouie
sans autour

dans la sciure d’elle-même

ensuite encore
chaque année son histoire recroquevillée

le vieil œil refermé sur l’à moitié du visage







mercredi 17 juillet 2019

Poèmes fondus / 85

 






la raison généralisée
d’aujourd’hui
paradant travailrichessemodernité
aime bien ce
e u x
oubliés des photos
captifs des grands déserts extérieurs
bons à service
bons à tourisme
bons à aide
capables
de tout où ils sont

la modernité aime la raison qui aime bien
ce
e u x
qui d’allers en allers
parlent partage (trop)
ces
e u x bergers de pays charmeurs
bons à tout
bons à l'aujourd’hui

bons à retours
x u e










lundi 15 juillet 2019

Poèmes fondus / 84





1.


matin impossible
moment mal terminé
rêve rituel
chemins encadrés

matin
clic le clic lui
pas fort
pas chaque être

matin inattendu
geste mal prostré
rêve fidèle
séances consolées
clic je
à son insu

matin
destin sec
adopte ce LUI qui me manque
vite
merci

matin
à ma tête
clic ce manque
au son de
son exécution debout

d’une rafale
dans un coin
à l’aise
tue le tue lui
clic je









2.


sera

manque et
beau
d’inquiétude

sera

manque et
portrait
de qui

manque et
destin
de malheureux

sera

manque et
vue
de mort

manque et
objet
d’éternité

manque et
unique
de lui

sera

manque et
couche
de livres

manque et
moment
de trop

manque et
debout
d’image

manque et
aura
de pouvoir

sera

manque et
contraire
de vie

manque et
travers
de toujours

manque et
passe
de jour

manque et
cachette
de chose

manque et
visage
d’apaisé

manque et
fait
d’impossible

manque et
encore
de bien

manque et presse et telle et cible et chambre et ami et tueur et mal
de il de être de comme de son de tête de séance de vivant

et manque et manque

et


sera






dimanche 14 juillet 2019

Poèmes fondus / 83






1.



l’expérience du village
enveloppe

anciens
des sombres
reviennent
bruyants

de mutismes

familiers
des imprenables
pénètrent
silencieux

de rumeurs

de sueur et de marche
le pèlerinage
se dépouille
confronte la mémoire pleine
au secret

son théâtre échappe aux voix
aux poussières

la dignité se domine
refuse


soi s’épure


le dedans ordinaire
finit le dehors illusoire

sans issue


l’expérience des villages est nuit







2.



dehors commun
dehors langage
dehors d’où
dehors mais
dehors somme
dehors il n’y a
dehors sans dehors
dehors proche
dehors à ceci près
dehors inconscient
dehors et
dehors semble
dehors l’ordinaire
dehors détail de
dehors comme hypothèse
dehors de sciences
dehors etc
dehors de la
dehors les textes
dehors n’est pas
dehors mais partir
dehors l’expérience
dehors pénètre
dehors contente
dehors politique
dehors ces mutismes
dehors ainsi
dehors marche
dehors la nuit
dehors contrastant
dehors dans sa dignité
dehors la ville au-dessus
dehors voix
dehors domine
dehors refuse
dehors comme leur
dehors de trop loin
dehors ils
dehors la face
dehors nocturne
dehors parce que
dehors chansons
dehors dans les rues



lundi 17 juin 2019

La comptabilité des jours



Aujourd'hui 9 mai, il manque 14 jours pour arriver au 23 mai.

On a laissé passer du temps. On s'est occupé à des projets divers. On a vu des potes et on a imaginé de bosser ensemble et d'aller rechercher l'ami Voltaire pour dire quelques trucs sur quelques scènes accueillantes. On a aussi réfléchi à comment s'en sortir de cette mélasse financière et de ce fait, on a envisagé de se délester de sa voiture, de diminuer les quantités dans les assiettes (mais on est gourmand) et d'autres choses presque pas avouables, souvent ridicules. On a beaucoup lu et découvert des auteurs, des blogs, on a trouvé du sens à l'avancée des journées, on a visionné un film sur le mathématicien Alan Turing avec ses gamins, on a vu revenir l'allergie à ce qui vole et matérialise le printemps (et rencontrant la pollution urbaine en devient redoutable et assomme et brûle la gorge). On a questionné encore des potes qui utilisent la vidéo pour poursuivre expérience d'écriture par l'image et installer programme de montage et tenter de s'en sortir, toujours s'en sortir. On a même reçu une brève initiation de son fils de 19 ans et comme c'est agréable de se faire apprendre des choses par sa progéniture. On a fait parfois au détour d'un coup de blues en fin de soirée le récapitulatif des amis qu'on s'est fait dans le métier (mais quel métier au fond?) en vingt-cinq ans de déambulations tous horizons  et les comptant sur les doigts (des deux mains heureusement) on a dormi heureux que ceux-là se soient trouvés sur votre parcours (Céline, Ana, Annette, Christophe, Stany, Eléonore, Patrick, Isabelle, Pierre...). On s'est dit que, ces derniers mois, avançant dans l'écriture, recevant tellement de quelque amitié fraternelle née au travers du web, on a conforté ses choix, comme s'être éloigné des vieilles manières de faire du théâtre attendu et moribond, réinvestir sa pratique et envoyer balader les acquis soporifiques, réinventer une place hors statisme. On s'est souvenu de la maladie du père, à l'époque si peu nommée Alzheimer, mais voyant un autre cas proche et lisant justement à quelques jours d'intervalles qu'un auteur cher, sans doute y était confronté, on a replongé dans ces instants sidérés jusqu'à la disparition de l'être aimé.
Et puis, les jours entraînant les jours, le 23 mai est apparu sur la ligne d'horizon et le décompte a recommencé. La comptabilité des jours est pathétique mais elle est. Elle fixe l'anxiété et remet le gamin (au centre du labyrinthe) au cœur des préoccupations. Ce que les attentats ont postposé va advenir dans pas longtemps. Pas longtemps.
On a laissé passer du temps et ce long temps s'est raccourci pour former un seul mot.

lundi 3 juin 2019

Poèmes fondus / 82










sitôt les paupières en deuil
tandis que le mouvement des plaintes ordinaires s’installe
nous hantent larmes et os

sitôt la mort appréciée
ainsi lésée de sa puérilité éclatante
nous lâchent défauts et membres

auparavant chien
on était brouillon
accusé
double
arpentant le globe
loin de la fin

quand on succombe au féroce mépris
au pénible sens accusé
au probable mot borgne
au hélas abrupte de feu soi-même
on succombe d’impatience épouvantée

toute personne est un désert réel
un doute
un roman qui aboie








jeudi 9 mai 2019

Poèmes fondus / 81







crise dure
dure
illusions revenues

je recherche
vécus extrêmes
réclame
coupures de mes naissances
illusion

alors
à tes représailles redoublées
je répondais
oui je
RECLAMAIS
le pire de ma condition

à tes fouets rejets
je me livrais
me poussais
subissais
lâche prêt
sujet illusion

Crise
Frappe
Femme
nos nuits vagues
Frappe

alors
notre exploration justifiait
les paris aux Autres interdits
l’ampleur sereine de nos violences
nos exaspérations actives
nos Enfermements
illusions


moins les ans
je me franchis Seul
FRAPPE ce soi dans soi
mes dépendances mes chimères
ma survie
mon ICI








mardi 7 mai 2019

Ce matin / 50





ce matin

parce que j'avais vu hier soir les panneaux interdisant le stationnement de 14 à 19, me suis souvenu que ce 7 mai, derrière la maison, on allait renommer le petit square en triangle: Square Maurane






m'avait fait bizarre de savoir que ce 7 mai 2018, pendant que je dormais chez moi, à quelques mètres, la belle dame se faisait la malle

l'avait croisée quelques fois en me garant devant chez elle ou pas loin, il y avait une bulle à verre devant sa maison, elle n'y est plus

il y a du soleil à l'instant, j'espère que pour l'inauguration à 18h aussi, je n'y serai pas

cette voix





lundi 6 mai 2019

Poèmes fondus / 80







me
lie m’étrangle
la fureur mâle
me retrouve
nu

m’
arrête me délivre
la rage bandée
me risque
frêle

les yeux soumis
où répondre
qu’aimé une fois
chargé
aucun morceau sensible
ne reste à tuer
juste la domination

mécanique moi

je suis un
poupée
d’espace de rue d’usage
servant
le non intime qui convient
à la tribu

un poupée nu







jeudi 25 avril 2019

Poèmes fondus / 79






dire instants par
instants
telle longue hallucination
l’expérience du souvenir
de l’amour

d’une mort impensée
abstraite
dire éternelle succession des
surfaces
soi-même transformation
par rien
jeu des accidents
le solide ou l’absence
oublier mort de son dehors
son extérieur
surgi creux
réel
ou
(recomposer la vision l’autre vision la vision sans temps mort sans présent la vision sans monde sans devenir la
vision sans grâce)
amour
je balance
explosif
je suis ta roche
ton objet terrestre
amour
je ne suis que chien
souvent
divertis-moi





dimanche 21 avril 2019

Poèmes fondus / 78








elle
autour des hommes
ceux usés
hébergés
en quelque lit de temps
livrés
aux pierres chaudes ombres pleines
creux lourds
au moins
glisse autour approche
s’étire en quelque jour

avertissement
peut-être

sortie
exactement

cachée salie dégoûtante

prisonnière

elle
dormait






vendredi 5 avril 2019

Poèmes fondus / 77








ses rondeurs jamais ne s’approchent
à distance
ses cuisses ses jambes
ses paumes
fraîches rouges

une fois j’ai remonté
sa colonne
enlevé le silence premier
de son être
une fois j’ai cogné
la serrure

jamais rideau caché ne fut plus sombre
son ne fut plus vrai

frappe le jour
force le lit
au bord de son entre-couloir
je flotte
entre
dépose
l’étrange preuve de ma personne