mercredi 6 février 2019

Ce matin / 47





ce matin, je me suis égaré, je cherchais à savoir ce que j’étais, ce que j’étais en ce moment, si j’étais complet, si j’étais vivant, si je pensais suffisamment, si ce que je devais faire dans les heures prochaines prouverait ce que je suis et en cherchant à faire quelque chose qui prouverait ce que je suis, je suis retombé sur la question de savoir ce que j’étais, et en retombant sur cette question vertigineuse et encombrante, j’ai réalisé que je n’étais pas, que je n’étais pas tout ce que je crois être quand je parle de moi, quand je m’interroge sur moi alors que personne, vraiment personne, ne me demande de m’interroger sur moi, et que cependant je m’interroge constamment sur moi, comme si moi était le centre de ma vie, alors que je ne crois m’intéresser qu’aux autres et donc ne pas m’intéresser à moi, ou peu, vraiment peu, je le jure, je vous le jure, je me le jure, moi je ne m’intéresse pas, je ne veux pas m’intéresser, je ne veux pas qu’on s’intéresse à moi, je ne veux pas qu’on s’interroge sur moi, sur ce que je fais, sur ce que je fais qui prouverait un peu de ce que je suis, puisque ce que je suis n’a aucun intérêt, aucune importance pour moi ni pour personne, et ça je voudrais le prouver, à moi, à vous, à tous, mais comment prouver que je n’ai aucun intérêt sinon en m’égarant hors de moi, en m’éloignant loin de moi, en délaissant ce moi prêt à inexister, en m’oubliant de moi oublié, en rejoignant l’abandon de moi, en me quittant, quitté peu à peu et que ce moi inexistant enfin se noie dans l’indifférence dont je nous
sais
tous
capables




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