mercredi 31 octobre 2018

Ce matin / 24





ce matin tasse

il suffit qu'apparaisse le mot pluie dans une phrase pour que j'entre plus encore dans le refuge de la lecture

que je me sente rassuré d'être au bien chaud du livre

il suffit qu'un paysage enneigé surgisse au détour d'un plan pour m'hypnotiser devant un documentaire

au départ de «Je ne comprends pas» Nathalie Sarraute a écrit un magnifique texte
le dernier de L'usage de la parole

commencer un livre par la fin c'est toujours commencer et
commencer c'est ne pas se résoudre à

sinon ça vaut pas le goût
sauf qu'il pleut

lundi 29 octobre 2018

Ce matin / 23




ce matin urbain brumeux virant 

brun 




les rides de campagne sont plus belles plus nettes plus cartographiées

filmer une femme/un homme attablé.e dans sa cuisine les mains posées sur la toile cirée dans le silence préféré à la parole
filmer la pensée c'est filmer un temps si subjectif sans équivalent 

l'enfant du dedans se rappelle la saison des châtaignes

sinon ça hiberne
sauf et sain


dimanche 28 octobre 2018

Ce matin / 22




ce matin nouveau temps

leurre d'hiver
tromperie à la bonne heure
les abeilles
continuer sa tâche celle qu'on se donne qui respire pour soi jusqu'à (s')épuiser le réel

sinon ça va s'enchaîner comme si hier déteignait encore
sauf la mémoire déchaînée elle dès l'aube






samedi 27 octobre 2018

Poèmes fondus / 28




j’avais
je vous le confie
un pavillon des fous
un crâne sans forme durable
où l’écriture se rencontrait dans les coins
où l’aveu des papiers morts
fourrait la peur primitive de l’accident dans des tiroirs prudents
où l’esprit enveloppé échouait sur des parchemins impérissables où les restes de mes têtes se hissaient sur des charpentes ordinaires où un vieux scarabée consignait mes circonstances sur des bandes soigneusement jugées

je vous le confie

un scarabée singulier
dessinait
dans mon crâne et m’y assurait
un sens minime
dernier


Ce matin / 21




un matin

il se serait aventuré dans la forêt
des hectares de forêt à perte de vie
un bain rêvé de vert et de belle absence
un enfouissement grandeur nature pour déchets psychiques destinés à décharge
une déraison salutaire
il marcherait avec sa couverture de survie se survivant à ce qui échoue de lui au milieu des autres
il marcherait
ne croisant personne d'autre que ses douteux fantômes
une pluie se mettrait à chuter
enfin
comme on souhaite tous qu'une pluie nous efface sans prévenir

sinon et sauf
dans la poche
au cas où



vendredi 26 octobre 2018

Ce matin / 20



c'est malin

je ne lirais jamais ce que j'écris
un.e volontaire pour relire le premier jet
un premier jet volontaire pour écrire à ma place
je céderais volontiers ma place à un jet quelconque pour autant qu'il ne m'oblige pas à le relire

sinon quoi
continuer à écrire soi-même sur soi-même pour son abyssal soi-même
sauf à être soi-même satisfait
on finit toujours par remplacer l'écriture par sa propre écriture





Poèmes fondus / 27

d'après



il est EPOQUE
pour
marché de l’éventualité
exploitation de la diversité
(probable problème)
peut-être exemple…
mieux vaut
question distinguée à curébaronnoble
que
réponse douteuse à paysan
vaut mieux
décoration de la question à bourgeoisnotable
que
peinture de la réponse à paysan
(sensible problème)
mais en fait sans doute
SURTOUT
remarqué
(évidemment)
((précédemment))
médiocrité des problèmes à SENS
des problèmes à réalité
des problèmes à étude
des problèmes à analyse
des problèmes à ambition
des problèmes à hypothèse
DES problèmes à importance
des importances à peuple
PEUPLES
peuples à dérive
peuples à rien
peuples à lieux
peuples destinataires
peuples à CONSOLER
IL EST EPOQUE A CONSOLER
(nécessaire)




jeudi 25 octobre 2018

Ce matin / 19





ce matin

pas de rencontre avec le loup
le loup n'est pas revenu par ici
pas de nourriture pour lui dans les parages

peut-être que j'aimerais ça être confronté au loup
me demander combien de brebis attaquées cette nuit

le savoir pas loin épiant silencieux

peut-être que j'aimerais être confronté à ce genre de questions plutôt qu'à toutes les autres qui reviennent errer par ici

sinon si le loup pointait le bout de sa nuit je m'adapterais
sauf contre indication (mais de qui)

samedi 20 octobre 2018

Ce matin / 18





ce matin lillois

encore imprégné de la voix de la poésie de la fascination de Tracie Morris
écrire mettre en mouvement les vulnérabilités heureuses avec Samira El Ayachi et Sandrine Becquet ce fut bel abandon torsions retorses éloge de la vertèbre usée 
comme ce fut bon même quand ce fut limite
comme ce fut limite surtout quand ce fut bon
écouter cet après-midi Milady Renoir Arno Bertina Dominique Sigaud Nathalie Quintane
comme ce sera bon

sinon quoi d'autre de bon
sauf que rien d'autre c'est déjà pas mal bon





jeudi 18 octobre 2018

Ce matin / 17




ce matin

vous vous apercevez qu'il ne s'agirait pas de traîner non que vous vous soyez levé tard (trop tôt même) mais il vous revient qu'il y a ci et ça à exécuter avant que de

vous prendrez cependant le temps de lire un peu (La modification de Michel Butor) de préparer une salade pour le midi de repasser une chemise c'est aujourd'hui travail d'acteur dans un hôpital c'est curieux écrit comme ça mais c'est votre réalité du jour

vous espérez caser dans ces minutes comptées quelques postures de yoga pour assouplir cette chaîne musculaire (ce n'est pas ce qu'il y a de plus réussi chez vous) que vous échangeriez bien contre (contre quoi dans le fond)

vous aurez consulté votre solde bancaire et ce sera une erreur de se lancer dans la journée avec ce constat maussade que vous auriez pu vous épargner

sinon ça va aller vous dites-vous
sauf qu'il y a cent bornes à parcourir avant que de faire l'acteur hospitalier (pfffff pensez-vous)

ps : aujourd'hui vous lisez Michel Butor, hier Nathalie Sarraute et avant hier Arno Bertina (tout ne va pas si mal) vous échappez à Christine Angot, Philippe Djian et Olivier Adam (tout va très bien)



mercredi 17 octobre 2018

Ce matin / 16



ce(s) bâillement(s)

mon assiette se sent la chaise entre deux migraines
le sommeil est ennemi sachant se faire oublier
quel bel atelier hier soir au départ d'Annie Ernaux
aussi lecture du premier Tropismes de Nathalie Sarraute
mon dos s'est réveillé en même temps que moi
ça console voyelle console voyelle console voyelle

sinon non ça ira
sauf qui pleut plus beaucoup




mardi 16 octobre 2018

Poèmes fondus / 26





irions-nous accrocher
notre prochain amour
contre tous

envie d’envies

valse bien mon cœur
valsez bien mes pieds
le chapiteau de verre
nous sourit







Ce matin / 15



ce seul matin

des réflexes de seul des habitudes de seul des pensées de seul des mécanismes de seul
des idioties de seul des silences de seul des inquiétudes de seul des cornichons de seul
des mouvements de seul des recettes de seul des écrans de seul des choix de seul des

mon seul me regarde gavé de lui-même
mon seul est au seuil de son deuil

sinon ça va seul et laisse une marque
sauf si je me fais un câlin seul

lundi 15 octobre 2018

Poèmes fondus / 25

d'après





supplication un
oreilles à boire
regards à dire
peu           vous condamne


supplication 2
franc martèlement du manque
mon refuge serait
          flou


supplication 3
ai-je beauté atroce à franchir
          sans piège
     dépouillée


supplication 4
gouttes
folies des bruits
comprenez
mes chaussures           se noient


supplication 423
guerresfilles/livresfilles/sensfilles/foliesfilles
                                                                           charriez
être texte
et supplications











dimanche 14 octobre 2018

Ce matin / 14



ce matin

est mon demain d'hier et mon lendemain d'un oubli déjà

devenir ce que je suis ou être ce que je pense ou penser ce que je deviens ou être en train de devenir ce que j'ai toujours pensé qu'il fallait que je sois bref

bref est mot de plus en plus apprécié de plus en plus inévitable de plus en plus bref

voté ce jour avec dégoût de cet écran tactile glacial comme un toucher rectal

sinon ça bref
sauf




samedi 13 octobre 2018

Poèmes fondus / 24





se lover dans l’immédiat bientôt
est intérieur
et
toujours

trouver son quoi quoi
aussi
sa place naturelle dans le gonflant
sa réserve infinie dans le roulant
dresser son quoi quoi
aussi
son obus avide dans le gesticulant
sa flèche souveraine dans le transperçant
pétrir son quoi quoi
aussi
sa vitesse intérieure dans l’attaquant
sa joie envahissante dans l’écartant
hiberner son quoi quoi
quand aussi
son plafond ravagé crie dans le culbutant
sa personnalité mesquine gueule dans le pointant

quand
sa vérité traquée ruisselle dans l’accablant
quand tout à coup
quand en vérité
quand d’un instant

quand trop entre en trop
on est aussitôt d’être enfin lové


Ce matin / 13




ce matin (n'est pas un matin ordinaire)
accueillir Arno voilà qui rend heureux 

accède à une certaine complicité avec moi-même
déplore une perte de complicité avec le monde extérieur

trop de choses tue le trop

sinon ça vaut pas le goût
sauf que figure sans r a un goût de figue


vendredi 12 octobre 2018

Poèmes fondus / 23

d'après



une maison femme
souffle disponible à
jamais maternelle
y habiter

un asile femme
merveille inconnue en
palais maternel
y nicher

d’une bouche-loi à une bouche-joie

y parler y apprendre y rire
y expulser
y vivre

tranquille





Ce matin / 12



ce chagrin

il faut bien sortir ce qu'on n'a pas en soi puisque personne ne sort ce que j'ai en moi
cherche petit comportement à louer quelques maîtres carrés
certitude et aveuglement sont dans un bateau / la mer tousse / un océan de bêtises
parfois on voudrait n'avoir lu que deux mots mais quels mots ou les avoir écrits

sinon ça flotte
sauf quand ça coule




jeudi 11 octobre 2018

Poèmes fondus / 22





je me gratte le fond du temps
l’interminable choc du monde monde
je me surveille le fond d’altitude
l’aveuglant savoir du monde mond
je m’observe le fond du souvenir
le gros derrière du monde mon
je me frappe le fond du chantier
le sec hiver du monde mo
je m’agite le fond d’adulte
le haut bruit du monde m

je me sais
le fond du fond
le bas rival de la vie
le bel ennemi du temps

le majestueux dernier enfant du m.o.n.d.e.


Ce matin / 11


ce matin 

reste planté devant son cerveau en cherchant  les heures d'ouverture 
ni d'yeux nid d'aigle 
ni virtuosité ni virtualité ni impétuosité ni actualité
la panique aussi sait se faire attendre

sinon ça rime à rien 
sauf en cas d'absence prolongée 


mercredi 10 octobre 2018

ce matin / 10




ce matin

pourrait tomber ce soir ça nous changerait avant que nuits et jours se confondent pour de bon avec ces quelques degrés de plus qu'on se crée

la langue est plus que jamais le lieu du combat*

si je triais les déchets de mon cerveau il faudrait des containers géants

l'employé à l'entrée du container justice fait déjà la gueule en me voyant chargé comme ça

sinon ça varie entre soir et matin
sauf que mal au crâne de toute cette langue juridique brassée pendant 10 ans



in "La poésie sauvera le monde" de Jean-Pierre Siméon

lundi 8 octobre 2018

ce matin / 9




ce matin (comme depuis si longtemps)

mon dos va bientôt fêter son anniversaire / tous les huit mois environ c'est sa fête / d'où l'impression calculée qu'il approche des 80 bougies

mon dos n'en fait qu''à sa tête / la mienne il la supporte tant mal que bien

mon dos regarde derrière moi je lui laisse cette prérogative

mon dos souffre en silence alors que moi je m'en plains ouvertement

mon dos donne parfois le sentiment d'en avoir plein de moi

sinon il y a pire
sauf que debout assis couché je le maudis

à demain mon dos


Poèmes fondus / 21

 d'après




ma langue silence ! n’espère
va
vide mes souffles
il vient mon ventre ! s’enflammer aux marquises

ma langue assassine ! n’espère
va
galope mes tumeurs
il vient mon cerveau ! accoucher sous l’émeute

ma langue gorge ! n’espère
va
dégueule mes boyaux
il vient mon sanglot ! becqueter à la terreur

chiens d’anges trompez l’âge dans ses accidents lorsque ma moëlle perdra sa voix d’enfant et que mon cerveau éructera à coups d’électrochocs

fier le quelqu’un toutes bêtes dehors
va ce quelqu’un va





samedi 6 octobre 2018

Ce matin / 8



ce matin

on est si vite oublié même par soi-même 
pour qui se prennent-ils ces rêves qui s'interrompent avant le dénouement 
savoir que le café va écrire pour soi c'est matinalement jouissif 
le zozo tu fais le zozo pour trois francs si saoul 

sinon ça vaque 
sauf si ça vaque à se croiser le nombril 



jeudi 4 octobre 2018

Ce matin / 7



ce matin

la télévision si elle avait un peu de dignité deviendrait zéro émission

"la grande perte de notre société occidentale, c'est le mystère" Laurent Gaudé

été indien certes certes certes mais pour combien d'émissions

délogé, débouté, délavé, dézingué, déprimé, décidément, tout se joue aux dés


sinon ça va
sauf que ça va en s'agrippant


Poèmes fondus / 20

d'après "Voyage d'une parisienne à Lhassa" de Alexandra David-Neel,
éditions La République des Lettres



franchissant des obscurités
sous les
émergeant des yeux
sous les
déboisant des solitudes
sous les
distinguant des murs
sous les
bâtissant des existences
sous les

nuits

à notre nuit insu

brusqu/soudain/ement
casse la tête
au milieu de nous
casse la tête
au vent de nous

à notre nuit
le chemin de nous
atteignons



Ce matin / 6



ce matin (ou peut-être demain)

laver les vitres disons au moins une vitre
je m'écris aussi - je n'écris que - par fragments
nous sommes tous dans des mètres cubes de silence à faire les pitres
de l'atelier d'hier des instants (comme à chaque fois) d'étonnements

sinon ça va
sauf migraine ou quelque chose d'approchant



mercredi 3 octobre 2018

Poèmes fondus / 19


d'après



il y avait ce temps-là
hélas oppresseur
femme homme
un sexe on
refusé
à certain.e.s

il y montrait ce temps-vieux
aliénation oppression
corps esclaves
noire horreur
hélas

il y apparaissait ce temps-d’ailleurs
un impossible d’être
on
puisque
les autres
les ombres
la réalité
le temps

et naturel est de devenir
d’échapper aux causes
du simple loin des familles

dire on pour nous
dire on pour femme homme
rester on et vrai



mardi 2 octobre 2018

Poèmes fondus / 18


d'après



avant que peau irise que peau incise
que peau bouffe
peau d’avant mot d’avant mot
d’avant le dehors l’accidentel dehors
peau d’avant peau d’avant mot d’avant peau
avant que veine rougisse que goudron tapisse
qu’entaille perce
peau d’avant mot d’avant peau d’avant avant mot
d’avant l’acétone l’accidentel acétone
peau d’avant avant mot d’avant avant peau


avant le regard par la peau
le regard par les mots
avant le parler par les mots
le parler par la peau


Ce matin / 5





ce matin

la chaudière manque de pression petit voyant rouge
hier soir lu la déclaration des droits de l'homme
il suffirait de presque rien pour que tout bouge
combien de tomates arriveront pour ma pomme

sinon ça va comme je me pousse
sauf quand je me pousse sans conviction


lundi 1 octobre 2018

Poèmes fondus / 17

d'après "Mort d'un cheval dans les bras de sa mère" de Jane Sautière, éditions Verticales



lèche
l’éphémère
l’écarté
le fébrile
l’étirement
l’offert
la barbarie
la piqûre
le possédé
le bord
la force
la grâce


caresse
le susceptible hasardeux le fragile herculéen


à la nuit souple
l’heure première du bonheur
hormis tel humain
telle humaine
abrite
un au-delà