mercredi 26 mai 2021

LE MYSTERE BARTLEBY : carnet de création /1


LE MYSTERE BARTLEBY est lancé!

Voilà bientôt 5 ans que ce projet est dans les tiroirs de mon désir. Le texte, je l'ai découvert il y a une vingtaine d'années, dans l'édition Folio. Je ne sais plus pourquoi j'ai acheté le livre, à l'époque je n'ai encore rien lu de l'oeuvre de Herman Melville. Je sais juste qu'il faudra que je plonge un jour dans son célèbre Moby Dick, dont j'ai vu une version cinématographique dans mon adolescence et qui m'a fait forte impression.

De cette lecture de Bartleby le scribe, il me reste le souvenir d'un mystère, d'une fascination, d'un dérangement... D'une lecture qui ouvre plus de questions qu'elle ne suggère de réponses. En somme, je ne le sais peut-être pas encore à ce moment-là, de ce que j'attends de la littérature. De l'art. De la vie.



 

Je crois avoir été fort ému par le personnage de Bartleby tout comme par celui du notaire, narrateur de l'histoire. Je crois m'être identifié aux deux, à celui qui ordonne, dirige (le notaire) et à celui qui refuse pacifiquement (l'employé Bartleby). Je crois.


Quand en 2014, je décide de lancer le premier spectacle de théâtre de proximité en montant Le cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde de Stevenson, tout en travaillant sur ce spectacle, je me mets à la recherche d'autres oeuvres pouvant être jouées par un seul comédien. Deux autres textes apparaissent vite : Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad et Bartleby le scribe de Herman Melville. Peu à peu, Bartleby s'impose comme une nécessité puis une obsession. Il faut dire ce texte, il faut le partager, il faut approcher cette oeuvre mystérieuse dont je découvrirai qu'elle a provoqué de nombreuses lectures et interprétations et notamment de la part des philosophes.


Le projet dans un coin de la tête, je décide de lire le texte original. Je le trouve sur internet. Lire en anglais est incontournable. Je l'ai fait pour tous les textes anglais ou américains que j'ai adaptés. Je décide aussi de lire d'autres traductions et je découvre que l'auteur François Bon, dont j'ai lu plusieurs livres et avec lequel je suis en contact pour des ateliers d'écriture, en a fait une nouvelle traduction qu'il a éditée dans sa maison d'édition.




Je lirai aussi celle publiée par Garnier.





Puis un jour, je me lance. J'écris un texte "d'après l'oeuvre de Melville". C'est à dire que, nourri de toutes ces lectures, j'écris une version que je jouerai. Une version à se "mettre en bouche". 
Que garder? Quelle langue utiliser? Quelle adresse au spectateur? Quelle durée? Faut-il représenter Bartleby ou le suggérer uniquement au travers de la narration du notaire?

Adapter, c'est faire des choix. Je mettrai deux ans à achever le texte, le laissant parfois reposer plusieurs mois, occupé à d'autres choses ou simplement doutant de l'intérêt du projet.
Finalement, le premier confinement de 2020 me poussera à finaliser le texte théâtral et à envisager concrètement de le partager avec des spectateurs. 

La nécessité d'être ce notaire, d'être Bartleby est bien là.