dimanche 30 décembre 2018

Poèmes fondus / 47





allons au sommet
mains comme lettres
en route
dos froids qui supportez
sèches fumées poudreuses
contournons le châtiment
portons les formes à nous faire mal
honte gueulée en poche
là où peurs gèlent debout
des crayons tourbillonnent
cochons aux oreilles brillantes
des princes pleurnichent


sur les grands
les petits soufflent
disent c’est trop disent c’est assez disent soldats arrière disent personne ne nous


personne
au cimetière princes comme cochons
ombres
au trou






jeudi 27 décembre 2018

Poèmes fondus / 46







l’ossature fatiguée par les sourires
les cheveux empêchés par la mélancolie
le buste possédé par les draps
l’heure superbe de mourir
cherche la chair écriée
jeune sein
taille troublée

en silences minces
le plus noir bandeau reposera le regard
le visage oubliera son enfant
par là le solide pleure








mercredi 26 décembre 2018

Poèmes fondus / 45




du monde portraits


femelles---mâles
s’écaillent
en intervalles souples
femelles--mâles
se cultivent
en cires linéaires
femelles-mâles
se multiplient
en chairs juvéniles
femellesmâles
s’exfolient
en écorces adultes
en hiver en printemps
silhouettes mâles se renferment en silhouettes femelles
en ombre en soleil
silhouettes femelles s’existent en silhouettes mâles


quand
disparaît le genre même
femâles prédominent
maturité du monde







dimanche 23 décembre 2018

Ce matin / 41






ce matin

l'impossible a besoin de rassasier notre consolation

l'impossible a perdu le mode d'emploi
c'est qu'il se lève à l'aube et part le ventre creux
l'impossible a besoin de rameuter ceux qui comprennent
c'est qu'il n'est jamais rassasié et faiblit vite

notre impossible ne se nourrit que des rêves mal digérés

ayons comme consolation que l'impossible jamais ne nous ignore
seulement nous d é v o r e

sinon comment ferait-il pour survivre

ça va aller vieux
tu es le bienvenu
assieds-toi
prends à boire
et raconte
à l'impossible nul n'est parvenu




jeudi 20 décembre 2018

Poèmes fondus / 59






les premiers
depuis leur loin
hésitaient
de leurs yeux enfantins
à chercher
un trait d’aujourd’hui

les derniers
depuis leur creux
savaient
de leurs mains vieillies
conserver
une note du début

à côté
un poème
la gorge figée
jouait
avec la mémoire écoulée
comme
un bond en retard
un mouvement plein
une envie indifférente

une seule question s’entourait de clarté

as-tu réfléchi/oui/mon amour
ma grâce
mon vol

as-tu oui ?









lundi 17 décembre 2018

Ce matin / 40




ce matin ce soir cette nuit ma nuit mon jour
mon temps fait-il aujourd'hui
gris mon saigneur
si gris que cesser de regarder
tout regarder tout le temps
tue le temps en emporte
ça vocifère en enfer
ça faut s'y faire mon malheur
tout est filmé tout le temps
filmé est filmé tout le filmé
le livre d'images n'est plus que bonus et bouches décousues
bouches à parler pour soi filmé
file même te filmer
je te me selfilme à bave qui pleut la vie
je me te suffis à voix-même
même tue les voix
filme tue des bouches
débauche de bouches de biches de bûches à venir
crème-toi jusqu'à l'avenir
crème-moi jusqu'à ta mort
extrême-moi juste à la mort
sur l'écran froid de mes nuits glacées à l'alcool pur juste et dur
le tant d'écrans chauffe
chauffe art
chauffe âge
bande âge
bande d'arrêt
bandes rôles
bande à
parle

surtout
ne regarde rien
si tu regardes
tu écoutes
surtout
n'écoute rien




CatastropheLaxismeImminenceMassacreApocalypseTerreur




s i n o n  
ç a  
v a










Poèmes fondus / 43




virent-ils
les vivants d’entre nous
des territoires où le silence disparaissait
le temps de la parole
des dédales où l’apparence voyageait
le temps de la chute
des confins où l’existence se répétait
le temps du retour
non
ils virent au-delà
la femme debout
la voix bouleversée
la mère émue


elle mesurait les racines
et laissait aux amis
géants secrets
le poids du langage





dimanche 16 décembre 2018



ai
avalé l’actuellement
d’un coup ras
il n’y avait que
servitude à venir
avalé l’heureusement
d’un coup dur
il n’y avait que
servitude à régler
dis
viens
dis seulement
une peur fausse
l’attention à être se compliquait
le piano était grave
l'harmonie était trop










mercredi 12 décembre 2018

Poèmes fondus / 41




le jour secousse
on se vit tumulte
le jour jardin
on se vit sol
le jour bruit
on se vit parole
le jour lune
on se vit noir
le jour neige
on se vit ciel
le jour dame
on se vit homme
le jour homme
on se vit femme

le jour l’un
on se vit l’autre

en toute saison
on se mit à vivre
à côté

chaque joie courait






Poèmes fondus / 40




jeune homme
va
ta petite voix jusqu’à l’âge robuste
celui de partir
d’atteindre l’opposé
les heures de belles occasions

va vite
mais traîne
mon fils
observe
étudie
repère
les lieux s’entrouvrent
le paysage se sépare la carte se fend

va mon jeune fils
pour longtemps homme

nous sommes escapades
nous sommes amis











vendredi 7 décembre 2018

Poèmes fondus / 39






qui rit encore

honneur / coupé
visages / coupés
couleurs / coupées
terre / coupée
savoir / coupé
chance / coupée

l a   g u e r r e   m a l a d e   e s t   v e n u e
débouchée à coups de grimaces
pâle maigre convulsée

l’air va trembler
l’air va crier
l’air va pleurer
l’air va claquer
l’air va raser
l’air va souffrir

il y a une chance sur une / contre va vers contre














dimanche 2 décembre 2018

Poèmes fondus / 38





héros si loin
craints quand exilés
aux départs incertains
la vie en eux
ne cessait

héros si humbles
aimés quand mutilés
aux origines impitoyables
les coups en eux
ne cessent

héros si cadavres
déniés quand somptueux
aux trépas recueillis
l’épouvante en eux
ne cessera






mercredi 28 novembre 2018

Poèmes fondus / 37




je suis mien-dos
en trois liens symptomatiques

l’homme-dos le plus siège
flottant à rare altitude
et c’est mort quotidienne

l’homme-dos le plus au bout
son horizon en lieu de hasard
et c’est mort chronique

l’homme-dos le plus plante
rubriqué à la douleur des dames
et c’est mort idéale

je suis l’homme-dos
démonté








mardi 27 novembre 2018

Poèmesfondus / 37





se déversaient en terre
étreintes et baisers dociles

ruisselaient en terre
sueurs et larmes taries

on laisse sa peine brutale
on sanglote même un peu


demain en silences intimes
demain s’empêche


au seuil tiède
la pénombre
en un instant
dans tout le corps






samedi 24 novembre 2018

Poèmes fondus / 35



le rêve
avait rappelé
avait confirmé
aujourd’hui avait absorbé l’immortalité
les cieux
le vide
feu mon père
feu ma mère
le dîner du non est servi
brûlé
mon père plutôt que ma mère



samedi 17 novembre 2018

Poèmes fondus / 34




lorsque
le proche du nom
est loin
le beau du nom
est parlé
lorsque
le mauvais du nom
est perdu
le beaucoup du nom
est éloigné

il arrive qu’on oublie
notre forme mère
notre bien sens
comme une autre liste de je







jeudi 15 novembre 2018

Poèmes fondus / 33





ma pensée
à l’autrefois suspendue


dite ici par hasard
par volonté pleine


parce que déposée
où la parole m’était apparue


cheminait à la rencontre
d’une langue lointaine


qui seule et périssable
suivrait le clair soupir


que teintent les pleurs
après les rires





mardi 13 novembre 2018

Poèmes fondus / 32





ton mort
à moitié refroidi
au chaud
du on même ensemble
banal blême enfant
visage cheveux mains
en cercle
tournent
tourne
solitaire
ton mort
esprit
en miettes
à mesure
d’une fin émue
à moitié
annoncé.e





lundi 12 novembre 2018

Poèmes fondus / 31




de lui
l’obsédé
parle
s’éloigne la pauvreté d’amour
guidée par le dégoût
sous
la nuit
s’épanche le frisson de l’âme
traîné par les pieds
hors
des hommes
parle
où est le frère
où est la lumineuse fièvre
nue sans cesse
parle mirage
parle


parle
mirage
que
l’obsédé se lève
étale sa charogne
et
règne
nu






mercredi 7 novembre 2018

Poèmes fondus / 30




c’est entre soi et soi
soi et le jour
soi et le fuir

les idéaux

c’est entre soi et combien de soi
soi et le flou
soi et le perdurer

les désirs

c’est entre soi et la frontière de soi
soi et l’intuition
soi et le parsemer

les espoirs

c’est l’histoire de la forcément perpétuation de soi
incomprise
inutile
impossible

l’histoire de l’expression de soi dans l’histoire
dans l’histoire
de soi partagé.e
dans l’histoire

le monde est cimes de soi






Poèmes fondus / 29




vite
style auquel
chaque totalité fouettée chaque
fidèle à glace émergente fidèle
au-delà du largement donné au-delà
traitant le ferme moment lui-même traitant
calculant le plusieurs ensuite calculant
pupitrant les volumineux disciples d’art pupitrant
fraisera en recette
chaque vite
au tamis des coutumes
l’art ouvert et encadré et rafraîchi
de la musique mousseline assise
fleuron
des quatre demi-saisons
de fin des fêtes de style 

fidèle à l’au-delà de l’art
chaque style émergent
calcule la recette volumineuse
au tamis ouvert
des saisons de fin de fête

ensuite se rafraîchit
de musique glacée




mercredi 31 octobre 2018

Ce matin / 24





ce matin tasse

il suffit qu'apparaisse le mot pluie dans une phrase pour que j'entre plus encore dans le refuge de la lecture

que je me sente rassuré d'être au bien chaud du livre

il suffit qu'un paysage enneigé surgisse au détour d'un plan pour m'hypnotiser devant un documentaire

au départ de «Je ne comprends pas» Nathalie Sarraute a écrit un magnifique texte
le dernier de L'usage de la parole

commencer un livre par la fin c'est toujours commencer et
commencer c'est ne pas se résoudre à

sinon ça vaut pas le goût
sauf qu'il pleut

lundi 29 octobre 2018

Ce matin / 23




ce matin urbain brumeux virant 

brun 




les rides de campagne sont plus belles plus nettes plus cartographiées

filmer une femme/un homme attablé.e dans sa cuisine les mains posées sur la toile cirée dans le silence préféré à la parole
filmer la pensée c'est filmer un temps si subjectif sans équivalent 

l'enfant du dedans se rappelle la saison des châtaignes

sinon ça hiberne
sauf et sain


dimanche 28 octobre 2018

Ce matin / 22




ce matin nouveau temps

leurre d'hiver
tromperie à la bonne heure
les abeilles
continuer sa tâche celle qu'on se donne qui respire pour soi jusqu'à (s')épuiser le réel

sinon ça va s'enchaîner comme si hier déteignait encore
sauf la mémoire déchaînée elle dès l'aube






samedi 27 octobre 2018

Poèmes fondus / 28




j’avais
je vous le confie
un pavillon des fous
un crâne sans forme durable
où l’écriture se rencontrait dans les coins
où l’aveu des papiers morts
fourrait la peur primitive de l’accident dans des tiroirs prudents
où l’esprit enveloppé échouait sur des parchemins impérissables où les restes de mes têtes se hissaient sur des charpentes ordinaires où un vieux scarabée consignait mes circonstances sur des bandes soigneusement jugées

je vous le confie

un scarabée singulier
dessinait
dans mon crâne et m’y assurait
un sens minime
dernier


Ce matin / 21




un matin

il se serait aventuré dans la forêt
des hectares de forêt à perte de vie
un bain rêvé de vert et de belle absence
un enfouissement grandeur nature pour déchets psychiques destinés à décharge
une déraison salutaire
il marcherait avec sa couverture de survie se survivant à ce qui échoue de lui au milieu des autres
il marcherait
ne croisant personne d'autre que ses douteux fantômes
une pluie se mettrait à chuter
enfin
comme on souhaite tous qu'une pluie nous efface sans prévenir

sinon et sauf
dans la poche
au cas où



vendredi 26 octobre 2018

Ce matin / 20



c'est malin

je ne lirais jamais ce que j'écris
un.e volontaire pour relire le premier jet
un premier jet volontaire pour écrire à ma place
je céderais volontiers ma place à un jet quelconque pour autant qu'il ne m'oblige pas à le relire

sinon quoi
continuer à écrire soi-même sur soi-même pour son abyssal soi-même
sauf à être soi-même satisfait
on finit toujours par remplacer l'écriture par sa propre écriture





Poèmes fondus / 27

d'après



il est EPOQUE
pour
marché de l’éventualité
exploitation de la diversité
(probable problème)
peut-être exemple…
mieux vaut
question distinguée à curébaronnoble
que
réponse douteuse à paysan
vaut mieux
décoration de la question à bourgeoisnotable
que
peinture de la réponse à paysan
(sensible problème)
mais en fait sans doute
SURTOUT
remarqué
(évidemment)
((précédemment))
médiocrité des problèmes à SENS
des problèmes à réalité
des problèmes à étude
des problèmes à analyse
des problèmes à ambition
des problèmes à hypothèse
DES problèmes à importance
des importances à peuple
PEUPLES
peuples à dérive
peuples à rien
peuples à lieux
peuples destinataires
peuples à CONSOLER
IL EST EPOQUE A CONSOLER
(nécessaire)