vendredi 30 décembre 2016

L'attente / 12. Variations 3




L’attente attend ça n’a pas changé depuis la dernière fois.
Le pli attend la mise.
La mise attend le vert.
Le ver attend le fruit.
La pomme attend Eve et Newton.
L'éclat attend le coup.
L'imprévu attend l'habitude.
Le définitif attend prostré.
La simplification attend l’idée toute faite.
La limace attend mange digère attend mange digère attend.
La planche attend le dessinateur.
La bulle attend le texte.
La saison attend l'épisode.
Le mendiant attend main tendue regard baissé grelottant aucune pensées.
La commande attend le bon.
Le bon attend la brute qui attend le truand.
Le charnier attend d'être découvert.
La vitre attend le laveur.
Le laveur attend le raton.
Le pitre attend le chat.
L’impétuosité attend la modération.
Le béton attend d'être armé.
L’ivresse attend le bateau.
Le bateau attend de mener en.
La prison attend l’évasion.
L’évasion attend le paradis fiscal.
La reconnaissance se fait attendre.
Le cierge attend le con.
Le con attend l’amour.
L’amour attend dissimulé dans des signes si ténus.
La délation attend de dos avec un œil dans son col.
Le pirate attend de face d'un œil un seul.
L’œil attend sous la paupière.
La paupière attend pour cause de fermeture.
Le volcan attend qu’on l’oublie.
La démente attend qu’on la lave.
L’oubli attend que la douleur ait fait son temps.
Les spermatozoïdes attendent groupés en se racontant des histoires salaces.
La semence attend son semeur.
La vieillesse attend et se meurt.
La sagesse attend la vieillesse et c’est long.
Le regard attend se vide se noie dans les larmes retenues.


lundi 19 décembre 2016

Un monde étriqué.



récemment à mon oreille, tu as un problème avec l'alcool

et avec Noël, avec le bruit, avec les groupes, avec l'obligation de boire comme tout le monde, avec l'obligation de m'amuser comme tout le monde, au même moment, de la même manière

avec l'obligation

ca veut dire quoi s'amuser

le regard incrédule ou offusqué de celui ou celle qui s'entend dire par moi que non je ne viendrai pas à ce réveillon ou cette sortie, que non je ne le sens pas, sachant fort bien le déroulé alcoolisé de la soirée et l'isolement qui sera le mien à ne pas embrayer dans le mouvement collectif

m'a réveillé à 6h45 cette humeur, après 4 petites heures de sommeil

très sérieusement, mes oreilles ont bondi l'autre jour lorsque, tout aussi sérieusement, les mots si tu ne viens pas, je serai réellement choquée m'ont été jetés manu militari à la face, pas une once d'humour ou de second degré, non une flèche décochée à la seconde de mon refus

me donne juste envie de trouver mon lac Walden

non seulement, il me faudrait venir, mais encore manger (beaucoup), parler (de quoi, aucune conversation n'allant jamais très loin, entre qui veut encore du rosbeef/tu peux couper du pain/y a encore du vin), et pour traverser tout ça, boire des sulfites déguisés en bouteilles de vin

je n'ai jamais beaucoup bu
et n'y peux rien si
en prenant de la bouteille
deux gorgées de vin me broient déjà le crâne
et une bière d'abbaye me voit lourd le lendemain
(j'apprécie les premières gorgées)

dictature de ce qu'il faut faire et comment et à quelle date et du sourire à arborer et la joie d'être ensemble et s'enivrer et chercher un autre siège au retour des toilettes et se rendre utile en débarrassant les assiettes vides et arriver en cuisine ou ça cause aussi fort qu'à côté

suis-je malpoli, associal, méprisant, extraterrestre, ours de chez ours

suis-je libre

problème avec l'alcool, problème avec le groupe, problème avec le bruit

problème avec le rôle

finis par devenir un problème à moi tout seul il semblerait

pour qui

s'arrange pas en vieillissant lui

pas pour moi

le problème se situe où

chez moi

quand je me retrouve au milieu de plusieurs personnes qui parlent en même temps, de conversations croisées, mes oreilles crient au secours, mon cerveau bat la campagne, l'ensemble des mots prononcés produit un seul amas confus, une tornade, où je me noie

chez l'autre

l'entourage (qui ferait office de famille quand celle-ci n'existe pas) est exigeant, intolérant, inattentif, égocentrique, aveugle et sourd



causer avec une personne à la fois
là est mon plaisir
prendre le temps
se poser avec l'autre au bord du lac
contempler
laisser venir les pensées
ne pas se ruer sur les premiers mots

un peu de sens
au calme

sinon oui je mords
ou
je
fous
le
camp
au
bord
du
lac


JOYEUX NOEL


Je voyais un reportage sur cette femme qui vit en yourte près d'Alès et les soucis qu'on lui cause (la mairie) et le dérangement qu'elle semble occasionner à son voisinage qui ne tolère pas cet habitat autre.
Ma yourte imaginaire semble déranger aussi.
Dans quel petit monde étriqué vivons-nous...






lundi 12 décembre 2016

Fragments des dernières 24 heures



- la soirée en partie à regarder des buffles musqués dans le grand nord norvégien - qu'est-ce qui m'hypnotise dans ces documentaires dès qu'il s'agit de neige de nord de froid - la lecture de Jack London ces temps derniers - lecture de Thoreau et d'Emerson - après celle de Thomas Giraud qui a consacré son premier livre à l'enfance et l'adolescence d'Elisée Reclus - un lien à tout cela - nature où es-tu nature quand les heures sont passées à alimentairement ravaler sa fierté - ou à s'épuiser pour absence d'euros à brasser du Gorki - plaisir de la recherche - ce n'est pas rien - nature bruissement feuilles brume écorce mousses - ce n'est pas grand chose - ce m'est tout

- écoute d'une lecture de Ce qu'il faut de Corinne Lovera Vitali par Anne Savelli -  lecture tellement belle que volonté de l'acheter sur le champ - plusieurs tentatives de paiement par Visa avec un cadre rouge pour code erroné au final - quelle plaie ces pratiques numériques en strates de paiements sécurisés - j'arrive encore à lire des chiffres et à les retranscrire dans la bonne case - bien essayé de me faire passer pour un ours dépassé - ne tiendrait qu'à moi que cet argent si modeste je le donnerais directement et en main propre à Corinne Lovera Vitali - je rêve d'aller rémunérer les auteurs en direct live - oui et même de prendre le temps d'un café - tellement plus simple et humain - des auteurs naturels - sans sulfite ajouté - sans intermédiaire - vais faire la liste de ceux qui




- papa j'arrive pas à dormir - il est 23h40 mon bonhomme - ton examen de maths demain - mince - tu vas être crevé - tu veux dormir avec moi - la phrase qu'on n'ose plus prononcer à cet âge - le sien le mien - l'insomnie a quitté son corps qui s'apaise vers 1h du matin pour gagner le mien qui ne dort pas tant le souvenir des nuits passées à rassurer le petit - rassurer le grand - le vieux

- il part matinalement - le gamin au centre du labyrinthe - son nom dans les chapitres du Journal du Tribunal - il part sans fatigue apparente - moi oh moi - les cauchemars de la nuit et les coups de genoux du petit - 14 ans et tu l'appelles petit - assomment le vieux jusqu'à 8h30 - en retard de dépôt de comptabilité - demain non tant pis pas le courage d'affronter couloirs attente bureaux tronches de ronds de cuir à qui faudra justifier le retard - demain - procrastination coupable - si tu ne trouves pas une heure dans les bois tu deviendras fou - dis la voix




- une heure - un cadeau avec deux écureuils - un arbre à perruches - un faucon ou une buse - deux ânes - un train - des troncs coupés - des joggeurs - des images à la sauvette - marcher - marcher - même pas préparer la répétition de Gorki qui suivra - marcher entouré d'écureuils - les deux aperçus - et la sensation de tous les autres qui observent - une heure - une heure de pur bonheur - rien coûté

- bon... - on joue dans 5 jours... - bon... - on n'y est pas encore là... - bon - traverser des minutes de sidération complète - froid de canard - on grignote du chocolat et des noix de cajou - Gorki sors de cette scène - on s'y remet - ah voilà - voilà... - bon les gamins attendent - à demain - oui à demain - on y arrivait mais la responsabilité paternelle - maternelle - tous les rôles




- doute de 18h16 en pleine circulation, on nous a pas rappelé pour le test de demain mardi 18h sur les usagers du vélo - non ca veut dire qu'on n'est pas choisi - 40 euros pour deux heures - pas cette fois - à quoi ça tient - 40 euros à ravaler - l'argent a un sale goût

- reprendre le Journal du Tribunal - journal de 10 ans de vie - journal qui dirait pourquoi en être arrivé à chercher 40 euros - dodo





jeudi 8 décembre 2016

Après hésitation



renonce
renonce résonne tout le jour
le soir
une voix en radio dit
l'immobilité
la cabane juste la cabane
la même promenade sans relâche
seul le voyage
sur les pas de ses pas
la pensée encombre
la voix dit après hésitation
chaque fois elle tâtonne
la voix dit là ce qui est senti ici
au dedans de soi
simplement
elle devient voix pour soi
renonce
le feu rassemble
les heures du soir
renonce aux pensées
le feu la voix le soir
écoute
simplement
après hésitation
elle dit
pour soi
comme soi
la promenade
renonce
la cabane
juste la cabane
le feu
la forêt