samedi 1 octobre 2016

Journal de Tribunal J + 11 - 43. Un peu cher.



Aujourd'hui 4 avril, il manque 49 jours avant le 23 mai.

Il m'a appelé en ce matin du 4 avril. Avais-je sa carte d'identité? L'avait-il laissée sur son bureau?
Je n'étais pas chez moi, je savais qu'il devait partir en Espagne, c'était une surprise que sa mère voulait lui faire, même si elle ne partait pas avec lui, elle m'avait averti par sms, me demandant de garder le secret, comme si nous étions complice de la surprise à lui faire, j'avais simplement demandé où il serait, dans quelle ville ou quel hôtel, sachant seulement qu'il serait avec sa grand-mère maternelle et son compagnon, aucune réponse n'était venue.
Sa voix est comme figée, il semble inquiet de la disparition de sa carte d'identité, inquiet non de l'objet volatilisé, mais des conséquences que cela semble avoir sur l'humeur de sa mère. Pendant la conversation téléphonique, j'entends derrière lui la voix maternelle parlant vraisemblablement au téléphone aussi. Je comprends que devant décoller aujourd'hui, il y a panique à bord, mais qu'il n'est toujours pas au courant de la raison de cet énervement autour de sa carte d'identité.
Je réponds, je regarderai en rentrant, en fin de matinée, à quel moment as-tu utilisé cette carte, tu l'as sortie récemment, tu l'avais pour le voyage scolaire en Hollande, oui ou non, ses réponses sont brèves et suspendues dans la tension qui l'entoure à l'autre bout du fil, je te rappellerai, elle doit bien être quelque part, pourquoi en as-tu besoin, je sais pas c'est maman qui demande.
Cette carte ne sera pas sur son bureau ni ailleurs dans sa chambre, j'aurai fouillé parmi les revues, derrière et sous les meubles, sous la couette, des fois que, en plus il avait rangé sa chambre juste avant de partir, je le rappellerai donc, après avoir reçu un nouveau sms de sa mère disant qu'il ne pourrait pas partir, qu'il n'avait pas sa carte, qu'elle était sans doute chez moi et que, sous-entendu que je m'invente, j'étais responsable de cette disparition et peut-être même l'instigateur.

Quel est son sentiment au gamin au centre du labyrinthe à 13h25 ce 4 avril? Lui a-t-on dit pourquoi cette carte d'identité était subitement capitale en ce jour? Si oui, réalise-t-il qu'il a loupé un séjour en Espagne, lui qui rêvait de prendre l'avion? Si oui, s'en veut-il d'être parfois négligent et désordonné mais à 13 ans, qui ne le serait pas? L'an dernier, il n'était pas parti en vacances avec sa mère qui avait cru bon d'emmener aux sports d'hiver toute sa petite famille sauf lui. L'air de rien, ça l'avait marqué. Moi aussi. Comment peut-on dire à un enfant de 12 ans que s'il vient en vacances, cela risque de coûter un peu cher?
Pas de sports d'hiver, pas d'Espagne. Pas d'identité. Pas de sentiment.
Il parlait au téléphone comme s'il était observé.

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