dimanche 20 janvier 2019

Ce matin / 46







ce matin je me suis mis près de moi
aussi près de moi qu’impossible
appelant un premier baiser
la fatigue observait du coin de l’œil mi-clos
esseulée boursoufflée
distinguant le flou des heures allongées
pas de mots derniers mots confiés à la nuit débutante
fallait-il taire les mots
les effacer dans le même temps qu’ils s’écrivent
les envoyer si loin que devenus invisibles ils en deviennent inaudibles
si loin qu’oubliés au regard ils en disparaissent de la pensée-même
si loin qu’interdits à l’encre ils se dissolvent dans un noir renoncement

ce matin je me suis pris près de moi
serré fort
en flagrant délice d’étreinte
au risque insouciant et mesuré de frôler une peau absente

la forêt bruissait sans doute de nous attendre
elle seule entendait

ce matin je me suis vu prêt
quelque chose écrivait
prêt de moi












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