dimanche 26 novembre 2023

Ma vie avec Jekyll et Hyde - notes / 1

 


Robert-Louis Stevenson en 1985, année de l'écriture du texte.


·      Si Fanny Stevenson, épouse de Robert-Louis Stevenson, a vraiment rejeté la première version écrite par son mari, poussant celui-ci à brûler la première ébauche, l’amenant à retourner écrire pendant trois longues journées dans sa chambre, il existerait donc deux versions du Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde, une double version, l’une disparue dans les flammes, consumée, noircie et l’autre, consommable, éclaircie.

·    Était-elle plus dérangeante ? Trop dérangeante ? Trop liée aux excès de jeunesse de Robert-Louis ? Trop émaillées de révélations autobiographiques ? Était-elle plus longue, plus courte ? Racontée selon d’autres points de vue ? Y avait-il un personnage féminin dans ce texte où, en tout cas dans celui que nous connaissons, les seules femmes mentionnées sont les victimes de Edward Hyde ?

·      Cette première ébauche serait comme le « laboratoire » du texte, sa version détruite car trop explosive. La seconde version serait la version « officielle » du texte, publiable, résultat de recherches dont nous n’aurions pas à connaître la teneur, la composition, peut-être la dangerosité.

·    Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde s’avère dans sa conception-même une œuvre double, construite, puis détruite,  puis reconstruite, une œuvre à double entrée, à l'opposé l'une de l'autre, comme la demeure du Dr Jekyll qui comprend son entrée officielle (le lieu de vie), accueillante, notable et son entrée officieuse (le laboratoire), sulfureuse, inavouable. On entre par l'une ou par l'autre. Impossible de franchir les deux seuils en même temps.

·   Toute sa vie, Robert-Louis Stevenson a souffert de graves problèmes pulmonaires, changeant, dès l’enfance, de maisons pour fuir l’humidité, cherchant à la montagne des solutions pour respirer mieux et espérant trouver, durant les cinq dernières années de sa vie, dans les îles Samoa un climat plus propice. Pas de chance, le climat tropical humide n’améliorera en rien sa santé fragile. Il y décèdera.

·   Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde est une œuvre étouffante, qui ne respire qu’à moitié, où l’on ne respire qu’avec un seul poumon à la fois. Comme s’il y avait le poumon Jekyll et le poumon Hyde, ne pouvant fonctionner en même temps pour aller vers la vie. C’est une œuvre malade, amputée. Une œuvre qui se ronge elle-même, s’essouffle, s’épuise à tenter de retrouver l’entrée officielle de la demeure/vie. Sans y parvenir, que du contraire.

·      Savoir que nous ne saurons jamais ce qu’il y avait dans cette première version est tout a fait réjouissant.



 

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