dimanche 18 septembre 2016

De régions inconnues.




En partageant le texte accueilli par le site Les Cosaques des Frontières, j'ai écrit "merci à ceux qui encouragent". Ca n'a l'air de rien dire ça mais le dire publiquement quand on est pudique - et l'écriture au départ de soi n'est pas impudique comme on (je) l'entend mais nécessité de rencontre et de mémoire - c'est comme dire merci à la cantonade et s'en aller dans la foulée, presque honteux d'avouer que sans l'attention et l'écoute de ceux qui prennent le temps, on serait non pas isolé ou incompris mais orphelin d'un écho qui, même restreint à une poignée d'humains, se révèle appui pour la suite, pour la poursuite du travail et de la recherche d'écriture.

Pour qui écrit-on? Qui lit? Pas qui aime et qui n'aime pas, jamais la question ne se pose en ces termes. Plutôt qui encourage la démarche, le chemin, le tâtonnement, l'expérience?
Pas les proches, sauf une, pas les amis du métier (sauf deux ou trois), pas les équipes croisées. Qui sait d'ailleurs ce chemin, qui s'abonne à la chaîne, qui commente un partage sur Facebook, qui? Essentiellement des inconnus, encore inconnus il y a un an, connus désormais au travers de Facebook ou de YouTube et se tisse dès lors un lien jamais imaginé, jamais envisagé pour qui a longtemps considéré les réseaux sociaux comme une plaie chronophage et superficielle. Ils le sont mais pas que. Découverte de cela et usage approprié des outils est en cours.

Cependant, pourquoi si peu de lecteurs autour de soi? Comme si, de prendre une voie autre que celle arpentée durant 30 ans déjà, définissait une autre image de soi, une autre place qui peut-être gênerait, troublerait le rapport établi entre un milieu et soi. Peut-être ce rapport n'a-t-il jamais existé réellement, et si la distance prise ces dernières années avec ce milieu et ses codes et ses habitudes et ses manies et ses caricatures n'était rien d'autre qu'une obligation donnée à soi-même pour se retrouver vrai, vraiment, on ne sait pas très bien où, dans quel désert, quel espace, mais y aller vers cet inconnu peuplé d'inconnus disponibles pour autre ouverture, autre regard, autre attention, autres choses, indéfinissables, incontournables ou improbables. C'est un désert habité de possibles, de voix et d'appels, aucune guerre ne s'y livrera car aucune place n'est à prendre, tout y est mouvant, balayé par un souffle bon et parsemé d'oasis bienveillantes.

Ecrire, être seul, chercher seul est envisageable si on sent que d'autres aussi ailleurs cherchent et creusent cette solitude. Une solitude à plusieurs, de Bordeaux à La Haye, de Tours à Saigon, de la Suisse à la Hongrie, de l'écran à la page, du carnet à l'objectif. Cette solitude à plusieurs est le contraire de ce que furent les 30 années passées où à plusieurs (et tellement parfois), en équipes charnelles et concrètes, une grande solitude se construisait, tapie dans le mouvement permanent et un jour surgie comme une claque évidente et nécessaire.

Ecrire, comme une autre solitude qui aurait attendu si longtemps qu'on lui donne l'autorisation. Et cette autorisation aujourd'hui vient de régions inconnues et le souffle est fort. Comme un nouveau moteur.











5 commentaires:

  1. ah l'encouragement.. mais là ce n'était pas cela

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  2. De ma solitude, ce poquet dans le jardin des mots,
    de ma solitude, oubliettes et puits
    De notre champ de solitudes faire une plantation bruyante

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  3. cette solitude, au travers de tant de scribes, se montre sous tant de facettes qu'on la dira peuplée

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