mercredi 19 octobre 2016

L'attente / 7. Le centre de la chambre.




La chambre a perdu son centre. Elle chavire, tangue, vacille.
Elle attend.
Elle se résume à sa surface inoccupée, son volume maladroit, son odeur de sommeil interrompu, ses murs punaisés, sa porte couverte de cartes à jouer, sa fenêtre dominante, son plancher inégal, son plafond à toiles d'araignée, son lit refuge, ses draps en cabane, ses étagères en heures de pointe, ses cadres à mémoire, ses affiches en lambeaux, ses vêtements presque sales, ses jeux à l'ancienne, ses livres à secrets, son bureau champ de bataille, son désordre comme signature, sa poussière tapie, sa lumière éteinte depuis 7h30.
Elle attend.
Elle est encore le chat qui somnole sur la couette chiffonnée, le rideau qui filtre le dehors incessant, le linge humide de la veille.
Elle attend.
Elle regarde le spectacle d'une rue qui lentement plonge dans le raccourcissement des journées.

Elle attend.

Son attente commence un mercredi matin et comptera les jours jusqu'au prochain mercredi midi.

Elle attend, elle aussi.



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